Le témoignage de Stéphanie est à la fois bouleversant et tristement banal. Qui, en effet, n’a pas déjà perdu un être cher à cause du tabac ? Quel fumeur n’a jamais eu peur de mourir prématurément ? Espérons que les mots de la jeune femme seront un déclic pour tous ceux qui ont tant de mal à décrocher.
Un environnement où le tabac est roi
Des parents et des grands-parents fumeurs, un environnement où la cigarette est présente partout, tout le temps. A la maison, en voiture… Stéphanie a toujours “baigné dans le tabac”, au point, à 12 ans, d’aller même acheter les cigarettes de ses parents. “C’était quelque chose de normal”, confie-t-elle à @origines.media sur Instagram. “Normal” aussi qu’elle commence la cigarette, à 14 ans. “Pour moi, ce n’était pas du tout dangereux puisque tout le monde fumait. Et à cet âge, on ne se dit pas “si je fume je vais mourir”.
Une difficile prise de conscience
Mais, en 2003, alors que Stéphanie a 17 ans, elle est rattrapée par la réalité : son grand-père qu’elle adore se meurt d’un cancer.
Comme si c’était arrivé hier, elle se rappelle qu’un soir les pompiers sont intervenus en urgence : “Il suffoquait, c’était terrible”. La scène est d’autant plus insoutenable que Stéphanie ignorait qu’il était malade. Se sachant en phase terminale, sans aucun traitement envisageable, il avait préféré préserver sa petite-fille, enceinte et encore endeuillée de la perte de son père…
Les mots du médecin tombent alors comme un couperet : “Stéphanie, c’est la fin”. La tumeur avait envahi les poumons, son grand-père se noyait dans son propre sang. “C’est vraiment une mort que je ne souhaite à personne. On n’a rien pu faire pour compenser le manque d’air, il a juste eu de la morphine afin de l’aider à partir, c’est tout. Je l’ai vu suffoquer, c’était atroce”. Avant de partir, son grand père lui fait promettre d’arrêter de fumer. La jeune femme est anéantie.
Une lourde addition
Après s’en être longtemps voulu de ne pas avoir deviné son mal, elle comprend maintenant la volonté de son grand-père de préserver les siens. D’autant qu’aujourd’hui, 20 ans plus tard et atteinte de sclérose en plaque, elle connaît, elle aussi, la maladie. “Au décès de mon grand-père, j’ai bien essayé d’en finir avec la cigarette. Sans succès. J’étais très angoissée”. C’est alors que la jeune femme fait sa première poussée de sclérose en plaque. “La maladie était déjà là, invisible, et tout ce stress l’a fait ressortir”…
Puis les médecins lui ont trouvé d’autres pathologies. Des mauvaises nouvelles en cascade et un trop plein pour la jeune femme qui pense alors qu’il vaut mieux continuer à fumer et profiter de la vie, sans se poser plus de questions.
Seulement voilà, arrivée à 40 ans, elle ne va vraiment pas bien. Des bronchites, des grippes, du mal à respirer, de l’asthme, des toux terribles… Le diagnostic tombe comme un couperet : elle souffre d’une BBCO (une bronchopneumopathie chronique obstructive) et d’une tumeur sur un poumon, qui s’est heureusement révélée non cancéreuse.
Le déclic de Stéphanie
Sa première pensée est pour son grand-père, et cette promesse qu’elle aurait dû tenir. Un signe selon elle qu’il est bel et bien temps de se sevrer. Est-ce que cette fois sera la bonne ? Ne s’agira-t-il pas d’une tentative de plus, elle qui avait déjà tenté d’arrêter, à moult reprises ? Notamment deux ans auparavant. Alors âgée de 38 ans, elle et son épouse sont rentrées dans un processus de PMA. Et on le sait, fertilité et tabac ne font pas bon ménage… La motivation était donc là mais cette fois encore, ce fut un échec pour le couple. “J’ai vraiment essayé mais j’étais tout le temps sur les nerfs malgré les gommes, les patchs… Le geste me manquait trop, je n’ai pas tenu”.
Stéphanie mesure l’ampleur de son addiction lorsqu’elle constate que l’arrêt du tabac l’empêche de dormir, la fait pleurer, trembler… “Je ne gérais plus rien, j’étais irritable… Je n’avais plus aucune patience et avec quatre enfants, dont un petit de 5 ans, ce n’était pas possible. Je n’avais plus envie de sortir, de voir du monde. On ne peut pas croire que l’on puisse être si dépendant. Les gens ne comprennent pas, minimisent cette addiction”.
La vape salvatrice
A l’époque, pour Stéphanie, la cigarette électronique, c’était surtout un gadget, un effet de mode. “Et mes amis qui avaient testé n’étaient pas plus convaincus : ça coulait, ça fuyait… Bref, c’était pas ça.” Stéphanie et sa femme finissent pourtant par franchir le seuil d’une boutique de vape, sans grande conviction. Toutes deux comprennent rapidement qu’il y a eu une nette amélioration de la qualité du matériel. Mais quelque chose dérange Stéphanie : “Nous avons expliqué nos besoins, ma femme et moi, qui étaient évidemment différents. Pourtant nous sommes reparties toutes les deux avec du matériel et des produits identiques… ”. Résultat, Stéphanie n’est pas satisfaite : elle vape non-stop, a mal à la gorge et se dit qu’elle remplace simplement une addiction par une autre. C’est alors que lui vient l’envie de comprendre comment fonctionne une cigarette électronique. De quoi sont composés les liquides, comment fonctionne une résistance… Autant de sujets qui la captivent, elle qui ne s’était jamais interrogée sur les composants d’une cigarette, qui ne sont pourtant rien de moins que de l’arsenic, du monoxyde de carbone ou du goudron…
Stéphanie, une pro de la vape
Stéphanie fait alors ses propres recherches, s’inscrit sur des groupes d’entraide… “Je découvre que la vape est 95 % moins nocive que la cigarette et surtout que la nicotine n’est pas cancérigène, ni même mauvaise pour la santé, ce que j’ignorais”. En effet, c’est lorsqu’elle est mélangée à d’autres substances, comme dans la cigarette, et sous l’effet de la combustion, qu’elle devient dangereuse. Et il n’y a pas de combustion avec la cigarette électronique, mais uniquement de la vaporisation. La jeune-femme comprend aussi qu’on ne lui a pas vendu le matériel et les e-liquides nicotinés adaptés à sa consommation passée de cigarettes. Alors que c’est bien ça le plus important pour entamer un sevrage serein… Cela fait aujourd’hui plus de 5 ans que Stéphanie ne fume plus. Elle a son propre groupe Facebook dédié à la cigarette électronique et à l’entraide et a fait de la vape son métier. Un dernier conseil ? “Si vous fumez, n’attendez pas de vous retrouver avec une tumeur ou de perdre un proche pour arrêter. Si ça a marché pour moi, ça marchera pour vous”.